

Le “on” était au sens “les humains”, pas la France spécifiquement.
Les activistes contre la reprise des essais fondaient leur opposition sur le fait que les américains avaient déjà arrêté plusieurs années auparavant les essais nucléaires pour les remplacer par des simulations. L’annonce de Chirac a eu lieu peu après l’annonce que les américains avaient réussi leurs premières simulations : si ils savaient les faire, on pouvait apprendre à les faire aussi, il n’y avait aucune raison qu’on ait besoin de bombarder des atolls. Les délibérations à l’assemblée nationale en parlaient (qu’on suivait avec attention), d’où le lien que j’ai fourni… sauf qu’ils avaient conclu qu’on devait investir dans les simulations ET les essais pour faire plaisir à Chirac.
Côté USA, c’est le programme ASC et le laser NOVA dont il était question, dont les premiers résultats avaient été annoncés publiquement juste avant que la France parle de reprendre ses essais, et qui était le sujet des questionnements parlementaires en France. Ça nous faisait vraiment passer pour des branques sur la scène diplomatique internationale, vu qu’on était en pleine période de négociation des traités de non prolifération nucléaires suite à la chute de l’URSS.
Après j’avoue que je ne connais pas les sujets techniques derrière : nos infos venaient des délibérations du parlement, des journaux, et de Greenpeace. Elles étaient impossibles à vérifier plus que ça (pas d’Internet). De plus, j’étais relativement jeune à l’époque, donc je ne questionnais pas trop ce que j’entendais. Même aujourd’hui, les sujets militants datant d’avant le 21ème siècle sont plutôt mal documentés en dehors des archives politiques et journalistiques. Il n’y avait pas beaucoup d’investigations, de fact checking, de communications publiques. C’était une époque différente. Donc c’est tout à fait possible que tout ce militantisme ait été fondé sur des bases scientifiques fausses. Ça n’en avait pas moins l’air problématique à partir des informations dont on disposait, et la communauté internationale s’est fondée sur les mêmes informations quand elle a décidé de faire des boycotts et de “punir” la France.
En 1995 on croyait à la paix dans le monde.
La fin de l’URSS, les accords de paix en route au moyen orient, la guerre qui se calme en Yougoslavie, la fin du génocide au Rwanda, les FARC qui commencent à discuter en Colombie… il y avait une véritable euphorie pacifiste, un espoir naïf de futur libre de toute guerre.
C’est dans ce contexte que le traité de non prolifération des armes nucléaires a été signé, que l’Ukraine est même allé jusqu’à abandonner son arsenal nucléaire tellement on était confiants que le futur serait propre (pour ce que ça leur a apporté 20 ans plus tard…). Le fait que la France décide à ce moment précis de reprendre les essais nucléaires était un gigantesque bras d’honneur diplomatique au reste du monde, plus précisément envers les USA mais d’autres l’ont ressenti collatéralement (la majorité de l’Asie du Sud-Est a été très vexée).
La France avait déjà testé ses armes, c’était une reprise des tests. On avait un arsenal fonctionnel et on le savait. Aucune guerre n’a été prévenue par ces essais. Les seules guerres possibles qui ont été empêchées par la présence d’arsenaux nucléaires sont Inde-Pakistan et URSS-USA. Personne n’a menacé le territoire français ces dernières décennies.