Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication (Crem, Université de Lorraine).

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Cake day: 2023年6月14日

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  • Morceaux choisis :

    empêcher l’accès à un contenu en ligne – par la censure ou la vérification de l’âge –, c’est s’attaquer aux symptômes plutôt qu’aux causes. (…) Plutôt que de se focaliser sur la censure, c’est une remise en cause profonde du modèle des plateformes en ligne qu’il est nécessaire d’opérer. Le modèle économique de Kick repose sur une absence quasi totale de modération des contenus, afin de pouvoir mettre en avant l’industrie des jeux d’argent en ligne dont dépend Stake, sa maison mère.

    Ce modèle économique est proche de celui des Big Tech, les géants du numérique, qui, eux, dépendent de revenus publicitaires et imposent massivement aux internautes des publicités qu’un pistage massif de leurs activités en ligne a permis de sélectionner pour eux. Dans les deux cas, le moteur est la mise en avant, pour des questions économiques, de contenus toxiques.

    Cette centralisation des échanges entre les mains de quelques acteurs a des conséquences graves pour nos démocraties, surtout lorsque ces intérêts économiques sont mis au service de projets politiques. C’est, par exemple, le cas du réseau X, anciennement Twitter, instrumentalisé par son patron, Elon Musk, pour promouvoir l’extrême droite, alors que TikTok sert de plateforme d’ingérence électorale russe en Roumanie. Ce genre d’opérations est soutenu par des algorithmes qui dépendent de la collecte illicite et massive de données personnelles. (…) Déconstruire la centralisation des échanges en ligne est fondamental, pas parce que cela empêcherait tout drame de se produire (croire qu’il serait possible de le faire est illusoire et dangereux), mais parce que cela limiterait la promotion et la viralité de contenus toxiques.

    L’affaire Pormanove ne traduit pas un droit inadapté à Internet, mais plutôt l’incapacité des pouvoirs publics à mener des politiques de long terme qui traiteraient les problèmes à la racine. Ces outils, comme l’augmentation des moyens de la justice, l’ambition d’appliquer réellement le droit ou encore la décentralisation des acteurs du numérique, sont délaissés au profit de décisions court-termistes qui ne font que cacher la poussière sous le tapis.






  • Les exemples sont édifiants, mais je déplore comme toi le ton sensationnaliste du propos.

    L’enquête ne dit pas assez que la recherche publique est muselée par le financement par projets, l’exigence de cofinancements privés, à produire de la “PI” transférable. Les chercheurs désireux d’expérimenter sont contraints de se conformer aux appels orientés pour nourrir la “transition digitale” ou la “révolution de l’IA”.

    Que certains adhèrent à cette idéologie n’a rien de surprenant. Les jeter en pâture dans des enquêtes-choc n’y changera rien et ne fait que saper la crédibilité de la recherche publique.

    Nous avons besoin d’ingénieurs (dev, UX/UI, data) dans les labos de SHS, de science ouverte, de transfert vers l’ESS. Bref, d’une politique de recherche qui surmonte l’impensé numérique.

    Au lieu de quoi, l’enquête diabolise “les écrans” et “les réseaux sociaux”, comme si leur forme actuelle et dominante allait de soi. Elle ne dénonce pas le dévoiement des potentiels du numérique par des firmes accrocs à leur modèle économique toxique. C’est pourtant à ce modèle qu’il nous faut nous attaquer. Nous ne sommes que les fumeurs passifs de la dépendance des BigTech à la publicité ciblée et à nos données personnelles.

    Un autre numérique est possible. Le problème, c’est que nos politiques et nos journalistes sont incapables de l’imaginer. Ils s’ingénient à prétendre défendre les jeunes, alors qu’eux-même sont addicts à la pire des plateformes antisociale : X.