Depuis ce matin, et alors que huit personnes, dont notre journaliste Yanis Mhamdi, sont toujours détenues par les autorités israéliennes, de nombreuses fausses informations sont relayées par une série de médias français. De quoi justifier un rappel précis des faits, nourri par les nouvelles informations qui nous sont parvenues.
Nous avons appris par le biais de notre correspondante sur place Khadija Toufik ainsi que par nos avocats que l’équipage du Madleen est arrivé dans le port israélien d’Ashdot hier, le lundi 9 juin, aux alentours de 20h45. Contrairement à la communication israélienne, les douze membres d’équipage, après une distribution sommaire d’eau et de sandwichs, auraient été privés de vivres pendant près de 16 heures, le temps de rallier le port. Au moment de l’arrestation illégale du navire, nous avons aussi appris par le biais de nos sources que notre journaliste Yanis Mhamdi a été braqué avec une arme à feu par les soldats israéliens. Une pression violente et inacceptable. Rappelons ici le statut de témoin de Yanis et son rôle de journaliste et donc d’observateur de cette mission humanitaire.
Nous sommes en mesure de confirmer qu’après l’amarrage du bâtiment, les autorités israéliennes ont soumis à la signature aux douze membres de l’équipage un même document, et ce après une simple consultation d’une dizaine de minutes avec leurs avocats, soit en violation du droit à la défense. Ce texte stipule, si ratifié, une acceptation d’expulsion du territoire, une reconnaissance du caractère illégal de l’opération humanitaire du Madleen et un engagement à ne plus fouler le sol israélien pour une durée de cent ans.
Quatre personnes ont accepté de signer : la militante suédoise Greta Thunberg*, le journaliste Omar Faiad de la chaîne Al-Jazeera, le médecin français Baptiste André et le membre d’équipage espagnol Sergio Toribio. Les huit autres, dont l’euro-députée Rima Hassan et notre journaliste Yanis Mhamdi présent au titre d’une mission d’information, ont refusé et ont réclamé de rentrer en contact avec leurs avocats le plus rapidement possible.
Ainsi, contrairement à la communication des autorités israéliennes, reprise quasi mécaniquement par une série de médias français, les sept militants et notre journaliste Yanis Mhamdi n’ont pas refusé de quitter le territoire israélien. Ils ont en revanche refusé de signer un texte inique et mensonger, en dehors d’une véritable consultation avec un avocat, sous la pression de l’armée israélienne. En dépit d’un accord de leur part, les huit membre de l’équipage du Madleen toujours en Israël passeront devant un juge au cours de la journée du mardi 10 juin, en présence, cette fois, de leurs conseils.
Ce même mardi 10 juin au matin, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a communiqué sur X : « Notre consul a pu voir cette nuit les 6 ressortissants français arrêtés par les autorités israéliennes. Leurs proches ont été contactés. L’un d’eux a accepté un départ volontaire et devrait rentrer aujourd’hui. Les cinq autres feront l’objet d’un processus d’expulsion forcée. ». Contactés, les proches de Yanis nous affirment ne pas avoir été approchés par les services consulaires français. En tant qu’employeur et encadrant de la mission d’information de notre journaliste, nous n’avons nous non plus aucune nouvelle des autorités françaises, malgré nos nombreuses relances au Quai d’Orsay.
*Mise à jour, le 10.06 à 16:55 : Greta Thunberg a témoigné, depuis l’aéroport en France, qu’elle a été expulsée sans n’avoir rien signée. Ce qui semble être une exception.
*Mise à jour, le 10.06 à 16:55 : Greta Thunberg a témoigné, depuis l’aéroport en France, qu’elle a été expulsée sans n’avoir rien signée. Ce qui semble être une exception.
Je me demande s’ils l’ont laissé partir facilement parce qu’elle est beaucoup plus connue que les autres ? Ils espèrent peut-être que, sans elle, l’attention internationale se détournera de l’affaire.
C’est plus une opération de comm’ qu’autre chose (des deux cotés d’ailleurs) donc clairement, ils ont calculé leurs actions en fonction des apparences.
J’ai jamais dit le contraire :)
C’est juste pour les Prisca Thevenot de ce monde
Quel guignole ce ministre
Merci pour le relais. Je ne sais pas à quel point Israel est délicat vis-à-vis de l’équipage, s’ils se disent ou non que leur faire du mal serait dommageable à leur image ?
Netanyahou s’en fout de son image. Il a les U.S.A. en backup. Personne ne lui dira rien.
J’en suis pas si sûr, il y a un point après lequel l’opinion publique a suffisamment de poids pour faire vaciller le statu quo
Sinon, pourquoi ne pas avoir immédiatement torpillé le Madleen ?
N’en déplaise à beaucoup, il s’agit d’un pays développé et démocratique avec un état de droit toujours intact (bien que de justesse).
N’en déplaise à beaucoup, il s’agit d’un pays développé et démocratique avec un état de droit toujours intact (bien que de justesse).
L’Afrique du Sud de l’apartheid avait des institutions légales et électorales, mais ce n’était ni un État de droit ni une démocratie, car elle excluait une majorité de la population du processus politique
Si l’autodétermination est refusée à une partie de la population (c’est le cas pour Israël), cela viole le principe d’égalité devant la loi et des droits fondamentaux, ce qui est incompatible avec un État de droit et remet en cause la démocratie réelle même si des institutions démocratiques existent formellement
Un État qui restreint le droit à l’autodétermination à une partie de sa population ne peut pas être pleinement considéré comme un État de droit ni une démocratie, car il viole des principes fondamentaux d’égalité, de liberté et de souveraineté populaire
La forme ne remplace pas le fond